Tout nus et tout bronzés: la France est la première destination naturiste au monde, mais ses adeptes vieillissent et leur nombre stagne dans l’Hexagone, parfois victimes de leur image.
Tout nus et tout bronzés: la France est la première destination naturiste au monde, mais ses adeptes vieillissent et leur nombre stagne dans l’Hexagone, parfois victimes de leur image.
C’est exactement ce que veut contrer Atout France, l’agence de développement touristique de la France, qui a lancé avant l’été une campagne inédite pour promouvoir cette pratique, qui rassemble entre 1,5 et 2 millions de personnes en France chaque été, dont la moitié d’étrangers.
Sur le site Internet dédié (www.naturisteparnature.fr), un quizz et des informations pratiques sont illustrés par un jeune couple, habillé, au bord de l’eau et par un slogan « nous, le naturisme, c’est dans notre nature ».
L’objectif est clair: changer l’image du naturisme –loin des frasques du Cap d’Agde et du lien, abusif pour ses promoteurs, avec une sexualité débridée– et attirer de nouveaux publics, en surfant sur la mode du tourisme durable.
« Le message de la campagne est le suivant: les naturistes ne sont pas anormaux, ce ne sont pas des exhibitionnistes », explique à l’AFP Gilbert Marty, sous-directeur marketing d’Atout France. « Le naturisme, c’est vivre en harmonie avec la nature… Il ne faut pas faire peur aux gens avec le nu, mais leur dire: +si vous êtes tendance nature, attaché au respect de l’environnement, le seul cap c’est d’enlever le maillot de bain+ », affirme-t-il.
Un message que martèle aussi Frédéric Chandelier, pour la Fédération française de naturisme (FFN): « Les pionniers du naturisme étaient des écolos avant l’heure ».
Cette pratique, dont l’utilité a été reconnue en France dès 1936 sous le Front populaire, s’est en effet beaucoup développée à la faveur de l’après-Mai-1968. Mais, depuis, « on assiste à un vieillissement de la clientèle et à un saut de générations », selon M. Marty.
Le sondage Ipsos mené cet hiver pour Atout France montre pourtant que 16% des Français se déclarent prêts à tenter l’expérience du naturisme.
« Mais le pas reste difficile à franchir. C’est une question de mentalité: dans les pays nordiques, la nudité est mieux acceptée. Plus on descend dans le sud, plus c’est difficile », selon M. Chandelier.
D’autant que, selon les professionnels, on assiste actuellement à un « retour de la pudibonderie ». Voire à un changement de mentalité pour Kurt Fischer, le président d’une des fédérations naturistes allemandes (DFK). « C’est plus difficile qu’il y a dix ou vingt ans pour les jeunes. Ils doivent se battre pour avoir un travail, ils doivent être flexibles (…). Dans ce cadre, la tenue vestimentaire est un statut social ».
Il reste que le naturisme est davantage ancré au nord de l’Europe, Pays-Bas, Allemagne, Belgique et Grande-Bretagne en tête.
« La France est incroyablement populaire parmi nos membres », qui cherchent le soleil, une grande variété de paysages et la vie « à la française », affirme Andrew Welch, de la fédération britannique du naturisme.
Et ils sont de plus en plus de Britanniques à s’adonner au naturisme, d’après M. Welch.
« Les gens sont plus cool avec ça aujourd’hui. Il y a vingt ans, les Britanniques ne seraient pas allés sur une plage naturiste avec des amis, ils étaient trop timides. La nudité était tabou. Aujourd’hui, c’est devenu normal, au cinéma, à la télévision… », dit-il.
Même enthousiasme aux Pays-Bas, pas concernés par le vieillissement des adeptes du naturisme. Selon Maaike Brugman, de la NFN, la fédération néerlandaise, « nous voyons ces dernières années de plus en plus de jeunes familles, qui ont été sur des sites naturistes avec leurs parents et qui reviennent aujourd’hui avec leurs enfants ».