
Le personnel de la société Bourguignon-Barré n’est pas décidé à se laisser faire contre la venue d’un nouveau repreneur, certaines personnes sont prêtes à mettre en danger la vie de centaines de personnes pour des histoires de famille!
Le personnel compte bien montrer son mécontentement en dehors des heures de travail car pour eux il est très important de ne pas faire grève et de continuer à alimenter leurs clients!
LES HAUTES-RIVIÈRES (Ardennes) Lâché par des proches de sa famille, l’actuel PDG d’une entreprise des Hautes-Rivières peut perdre ses responsabilités à la tête de l’entreprise.
C’EST une situation rocambolesque qui empoisonne actuellement l’activité des Établissements Bourguignon-Barré, implantés 45, rue du Comodo aux Hautes-Rivières sur une superficie de 15 000 m2.
Cette PME spécialisée dans la forge et l’usinage pour l’automobile, la maintenance et les travaux publics et qui emploie 113 salariés est actuellement en proie à un mécontentement général du personnel. Une situation très rare dans la Vallée industrielle de la Semoy.
A l’origine de ce mouvement de grogne qui s’est traduit mardi et mercredi par une heure de grève : l’annonce lors de la réunion de comité d’entreprise du 22 avril de l’arrivée d’un repreneur et donc d’un nouveau patron à la tête de l’entreprise. Cela suite à un différend familial entre les principaux actionnaires de cette société anonyme créée en 1930 par Henri Bourguignon et dirigée ensuite par son fils Michel à partir de 1952 et actuellement par son petit-fils, Thierry Bourguignon.
Un brassard noir
Le beau-frère de ce dernier, Daniel Parizel, occupe les fonctions de directeur général au sein de la société. Ce dernier doit prendre sa retraite à l’automne. Il ne désire pas – tout comme son épouse – vendre ses parts à Thierry Bourguignon. Par ricochet, l’outil de travail, son actuel PDG (actionnaire minoritaire) et le personnel tout entier se retrouvent du même coup dans une situation totalement ubuesque.
Le manque d’entente entre les deux principaux dirigeants actuels de l’entreprise est donc à l’origine directe du projet de reprise établi par l’an- cien responsable de Pommier- Formetal à Neufmanil : Jean-Luc Pigeot.
Un changement annoncé qui n’est pas du tout du goût du personnel. Appelés lundi à voter, 96 % des salariés ont carrément manifesté leur opposition à ce projet de reprise sur lequel, il est vrai, ils n’ont obtenu aucune information. Ils ont donc décidé de soutenir Thierry Bourguignon et de refuser l’arrivée d’un nouveau patron à leur tête.
Hier, les salariés ont même décidé de sortir de leur réserve (encore une entorse aux coutumes locales) en nous donnant lecture d’un communiqué au sein duquel ils prennent clairement position : « Notre PME est sur le point d’être rachetée par M. Jean-Luc Pigeot lequel serait soutenu dans son initiative par une banque locale. Les salariés s’opposent à l’acheteur ».
Et d’expliquer leur réaction : « Après une traversée de crise difficile et au vu de la réputation (sic) (*)de l’éventuel repreneur », les salariés de l’entreprise sont inquiets… La majorité du personnel souhaite que l’actuel président-directeur général reste aux commandes de l’entreprise qui, par ailleurs, est lui-même catégoriquement contre la vente de l’entreprise » à un tiers.
Pour manifester son désaccord, le personnel a ainsi décidé de porter désormais un brassard noir durant les heures de travail. « Ce brassard signifiant que nous sommes en grève passive sans arrêt de travail ni perte de production pour les clients ».
En agissant ainsi, l’effectif salarié de Bourguignon-Barré tient à marquer sa solidarité envers une boutique que certains concurrents s’empressent déjà de mettre à mal par des alertes « google » sur la situation actuelle de l’entreprise. De manière à inquiéter les donneurs d’ordre du secteur automobile et d’en tirer profit par la suite….
D’où l’importance de vite revenir à une solution qui satisfait tout le monde…
(*) Selon les salariés, le repreneur aurait été récemment licencié de l’ancienne entreprise de la Vallée de la Goutelle sans qu’on en connaisse le motif.
Article rédigé par Pascal Rémy
Le personnel continue son action pour soutenir son PDG et éviter l’arrivée d’un actionnaire dont il ne veut pas. Celui-ci s’étonne d’un « tel déchaînement ».
L’AFFAIRE de l’entrée de Jean-Luc Pigeot comme nouvel actionnaire de Bourguignon-Barré (nos éditions d’hier) embarrasse.
D’une part, elle pose la question de la nécessaire transmission des entreprises familiales, ce qui est vital pour assurer leur pérennité.
Ensuite, elle touche une société emblématique des Hautes-Rivières, moderne et compétitive.
Enfin, parce qu’elle fait le lien avec le départ de l’ancien responsable de Pommier-Formetal à Neufmanil, pour un motif que la rumeur voudrait « indélicat ».
Une majorité écrasante du personnel (96 %) prend fait et cause pour son PDG Thierry Bourguignon, lui-même actionnaire minoritaire. Les salariés refusent la vente par le directeur général Daniel Parizel, beau-frère du PDG, et par son épouse, de leurs parts à un industriel qu’ils ne connaissent pas et dans des conditions dont ils ne savent rien.
Jeudi, la position de ces salariés n’a pas changé. Ils conservent toujours un brassard noir en signe de protestation.
Alfred Drouin, du comité d’entreprise, n’est pas « opposé à une réunion avec les intéressés. Nous voulons des explications et nous avons demandé une réunion auprès de l’inspection du travail. Nous considérons que Jean-Luc Pigeot n’est pas un repreneur fiable pour l’avenir de l’entreprise. Les 120 salariés ne veulent pas être des otages ».
Faudrait-il que le groupe industriel Pommier éclaircisse les raisons du départ de Jean-Luc Pigeot pour tordre le cou à la rumeur qui a engendré cette crise ? La question est d’ordre privé et le groupe se refuse, pour l’heure, à tout commentaire, tout en reconnaissant la situation délicate.
De son côté, Jean-Luc Pigeot se revendique « simplement acheteur, engagé dans ce projet depuis un an ». Cette situation le contrarie d’autant plus que le dossier n’en est qu’à ses débuts, à la « pré-proposition qui doit précéder une étude approfondie, avant une seconde phase aboutissant à la cession des parts. Le projet doit être présenté au personnel. Une réunion devrait avoir lieu d’ici lundi soir. Pourquoi un tel déchaînement ? Je suis né en bas du Comodo, aux Hautes-Rivières, à deux pas de chez Bourguignon-Barré. Je défends âprement l’industrie ardennaise et je trouve normal d’avoir des projets dans ce domaine. Je ne comprends pas cet acharnement ».
Une mission primordiale
Le PDG Thierry Bourguignon s’inquiète des conséquences que cette affaire pourrait avoir pour Bourguignon-Barré.
« J’ai une mission primordiale : assurer à 100 % le fonctionnement de l’entreprise, être à l’écoute des clients, ne pas perdre l’avantage que des années de forts investissements (plus de 10 % du chiffre d’affaires chaque année) nous ont donné face à la concurrence ».
S’inquiétant de « rumeurs nauséabondes », il entend tenir fermement la barre pendant cette tempête. « La seule stratégie possible, c’est l’investissement. Nous devons aussi trouver des mutualisations, des rapprochements, pas forcément capitalistiques, avec des entreprises qui restent elles aussi performantes, des sortes de « clusters » technologiques (mise en commun de forces et de compétences dans la poursuite d’un même but) ».
Pour que le nom de Bourguignon-Barré reste à la rubrique « Entreprise », pas à celles des ragots.
Article rédigé par Mirko SPASIC