Insultes, menaces de mort, harcèlement en tout genre… A l’âge où les petites filles jouent encore à la poupée, Jessi Leonhardt, une Américaine de 11 ans, est devenue en quelques jours le bouc émissaire de milliers d’internautes. La fillette, qui se fait appeler «Jessi Slaughter» (Jessi massacre) sur la Toile, avait pris l’habitude de poster des photos et vidéos, tournées avec sa webcam, où elle se mettait en scène.
A priori libre de tout contrôle parental, elle n’hésitait pas à y parler de sexe, adoptant une attitude provocatrice pour son âge. Elle se qualifiait aussi de «fille parfaite». Bien mal lui en a pris : son arrogance a fini par susciter une avalanche de violences, pas seulement virtuelles. Au point d’être placée sous protection policière.
Une tentative maladroite de calmer les commentaires haineux
Le 13 juillet, Jessi met en ligne une vidéo dans laquelle elle tente de mettre fin aux quelques commentaires haineux que suscitent ses interventions sur Internet. Une tentative très maladroite à en juger par les insultes qu’elle profère à l’encontre de ses détracteurs : «Si vous continuez à me haïr, je vous mettrai un flingue dans la bouche et vous ferai sauter la cervelle», annonce-t-elle tout-de-go.
La séquence se retrouve rapidement sur le très populaire site pour adolescents 4chan, sorte de forum de discussions géant où l’anonymat est la règle. Aussitôt, le buzz vire au cauchemar. L’identité de la fillette, ses coordonnées téléphoniques et son compte Facebook sont livrés en pâture aux internautes. Le lynchage peut commencer : appels en pleine nuit, messages graveleux et menaces de mort pleuvent sur la famille qui vit en Floride.
Jessi et ses parents craquent. En larmes et face à sa webcam, la fillette tourne une ultime vidéo le 16 juillet, dans laquelle elle supplie qu’on la laisse en paix. Au second plan, son père s’emporte. Dans un langage de charretier, il promet de saisir la «cyberpolice» et affirme, menaçant, que «les conséquences ne sauront plus jamais les mêmes». Loin de calmer les foudres des internautes, les propos paternels sont ridiculisés. Vue plus de deux millions de fois, la vidéo fait l’objet de multiples parodies sur Youtube.
Les autorités ont pris l’affaire très au sérieux puisque Jessi et le domicile familial ont été placés sous protection policière dès la publication de cette dernière vidéo. Dans une interview au site Momlogic.com, Dianne, la mère de Jessi, conclut en conseillant à tous les parents d’«apprendre à communiquer» avec leurs enfants.